Lisieux – mercredi [11 août] [1836] 5 heures
« Je prends mes précautions, ma chère petite ; je t’écris aujourd’hui parce que demain je sortirai dès que je serai levé, pour aller voir, à trois lieues de Lisieux, une petite terre qu’on me propose d’acheter. Je ne serai peut-être pas revenu pour l’heure de la poste, et je ne veux pas que ma lettre te manque. On me dit que cette petite terre est jolie ; la maison est une ancienne abbaye, grande, bien bâtie et assez bien arrangée ; il y a de beaux bois tout autour, une source à côté de la maison, et un fort ruisseau qui traverse les prés. Par malheur, il y a, pour y arriver, une lieue de mauvais chemin ; aussi la terre sera-t-elle vendue bien meilleur marché que celles qui sont situées sur le bord de la grande route. On me dit de plus qu’on va faire un bon chemin qui passera au pied de la maison. Enfin je verrai. Je serais bien content ma bonne Henriette, si je pouvais vous mener avec moi demain, toi et ta soeur ; la course m’amuserait au lieu de m’ennuyer. Cette terre s’appelle le Val-Richer. »