Le 5 octobre 2020 à l’Institut de France, le Prix François Guizot-Institut de France a été décerné à Catherine Maire pour son ouvrage :
L’Église dans l’État, Éditions Gallimard.
« Catherine Maire avait consacré un livre qui a fait date, il y a vingt ans, au jansénisme au XVIIIe siècle, De la cause de Dieu à la cause de la Nation. Elle élargit ici son enquête à l’ensemble des affaires politico-religieuses qui ont scandé le siècle, de la bulle Unigenitus (1713) qui condamne le jansénisme et devient une loi du royaume en 1730 à la Constitution civile du clergé, en 1790, pendant la Révolution. Loin d’apaiser les tensions liées à la tradition gallicane, en effet, l’affirmation de l’indépendance de la monarchie par rapport au Saint-Siège à la fin du XVIIe siècle les a réactivées sur de nouvelles bases. D’où le titre de l’ouvrage L’Église dans l’État, qui souligne comment l’inclusion est devenue source de divisions.
L’auteur ne se contente pas de passer en revue les grandes controverses qui se sont succédé dans le sillage de l’affaire de la bulle Unigenitus, autour des biens ecclésiastiques, des refus de sacrements, de l’état civil des protestants ou de l’expulsion des jésuites. Elle met en évidence le fil rouge qui relie tous ces épisodes ; elle dégage les significations de ces querelles passionnées devenues pour nous inintelligibles ; elle fait ressortir les enjeux de cette recherche d’un impossible équilibre entre les libertés religieuses et les nécessités politiques.
Elle montre enfin comment ces disputes constituent le terreau où s’enracine la pensée des philosophes des Lumières. De l’abbé de Saint-Pierre à d’Holbach, en passant par Montesquieu, Voltaire et Rousseau, la philosophie prend une nouvelle vie en se liant à l’actualité dont elle naît et se nourrit.»
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Catherine Maire est historienne, chargée de recherches au CNRS, membre statutaire du Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron (CESPRA) de l’École des hautes études en sciences sociales.
Spécialiste du jansénisme au XVIIIe siècle, ses recherches actuelles portent sur le gallicanisme, en particulier sur ses développements dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Elle s’est intéressée particulièrement au rôle du jansénisme dans les origines intellectuelles et religieuses de la Révolution française, non sans s’opposer aux idées de Dale K. Van Kley sur le sujet. Son dernier livre consacré au gallicanisme et intitulé « l’Église dans l’État », montre comment l’inclusion est devenue source de nouvelles divisions. Les grandes controverses qui se sont succédé dans le sillage de l’affaire de la bulle Unigenitus, autour des biens ecclésiastiques, des refus de sacrements, de l’état civil des protestants ou de l’expulsion des jésuites font ressortir les enjeux de la recherche d’un impossible équilibre entre les libertés religieuses et les nécessités politiques, idéal gallican par excellence. Elles constituent le terreau où s’enracine la pensée des philosophes des Lumières ainsi que les solutions provisoires de l’Edit dit de Tolérance et de la Constitution civile du clergé.
Visualiser l’enregistrement vidéo de la cérémonie.
Lire le discours de Xavier Darcos, chancelier de l’Institut de France
Lire le discours de Stéphane Coste, descendant de François Guizot et président de l’association François Guizot
Lire le discours de Jean-Claude Casanova, président du jury et membre de l’Institut
Lire le discours de Catherine Maire, lauréate du Prix Guizot de l’Institut