Le 9 décembre 2024 à l’Institut de France, le Prix François Guizot-Institut de France a été décerné à Maryvonne de Saint Pulgent pour son ouvrage :
La Gloire de Notre-Dame, La foi et le pouvoir, Gallimard.

Retransmis en direct par la planète médiatique, l’incendie du 15 avril 2019 suscite une émotion mondiale qui atteste de la gloire universelle de Notre-Dame de Paris, célébrée depuis le XIIe siècle par les textes, les images et les musiques. L’audace de son architecture fait de Notre-Dame l’archétype du sanctuaire chrétien et le symbole de l’élégance parisienne dans les enluminures médiévales. Elle est jusqu’à la Renaissance l’un des grands foyers intellectuels européens par son école doctorale où a enseigné Abélard, d’où est sortie l’Université de Paris et où s’est inventée la musique occidentale. Victor Hugo enrichit sa légende d’une dimension littéraire et fantastique qui inspire à son tour les modernités artistiques des XIXe et XXe siècles. Édifiée en même temps que s’affirme la dynastie capétienne, Notre-Dame est un lieu de pouvoir partagé entre le roi et l’évêque, rivaux en puissance temporelle mais unis contre les ambitions impériales des papes. Les premiers états généraux que Philippe le Bel réunit en 1302 à Notre-Dame pour proclamer l’indépendance de l’Église de France face à Rome en font le lieu fondateur du gallicanisme. Par sa dimension sacrée, elle est aussi le lieu de légitimation de la monarchie, qui y célèbre évènements dynastiques, funérailles des rois et des héros, victoires militaires et traités de paix. Puis elle trouve sa place dans la liturgie du pouvoir républicain. La cathédrale classée par l’Unesco est celle léguée par la restauration de Viollet-le-Duc : le débat sur sa flèche disparue pendant l’incendie montre qu’il faut réévaluer cette grande figure de la modernité.

Maryvonne de Saint-Pulgent, née Maryvonne Jeanne Le Gallo, est une haute fonctionnaire, administratrice, professeure et musicienne française. Diplômée en lettres, elle a poursuivi des études à Sciences Po et à l’ENA. Sa carrière débute comme conseillère au tribunal administratif de Paris avant d’intégrer le Conseil d’État.

Entre 1993 et 1997, elle est directrice du Patrimoine au ministère de la Culture, période marquée par une réflexion sur la politique culturelle qu’elle expose dans son livre Le gouvernement de la culture (1999). Depuis 2007, elle préside le Comité d’histoire du ministère de la Culture.
En parallèle, elle enseigne la politique culturelle à Sciences Po et à l’Université d’Aix-Marseille III. Elle occupe aussi des fonctions de présidente du conseil d’administration de l’Opéra-Comique et de l’Institut géographique national, tout en siégeant dans plusieurs autres conseils d’administration, dont ceux du Musée d’Orsay et du CNC.
Musicienne accomplie, elle a obtenu un premier prix de piano et a enseigné la musique à la Sorbonne. Membre de l’Académie des beaux-arts depuis 1993, elle a également été éditorialiste pour Le Point et productrice à France Culture.