- Lettre de François Guizot à sa fille Henriette sur la ponctuation. Ma chère Henriette, je te ferai encore la guerre sur la ponctuation ; il n’y en a point, ou presque point dans tes lettres. Les phrases se suivent sans aucune distinction ni séparation, comme les mots d’une même phrase. Quand cela n’aurait d’autre inconvénient que de causer, à chaque instant, à la lecture de tes lettres, une sorte d’embarras et de surprise, il y aurait là une raison bien suffisante pour te corriger, et pour ponctuer comme tout le monde. Mais il y a une raison plus importante, et que tu comprendras, j’en suis sûr. Tu as l’esprit très prompt ; tu comprends et tu fais vite. Et dès que tu as compris ou fait une chose, tu ne t’arrêtes pas du tout ; tu veux passer à l’instant même à une autre. […]
- Récit de Pauline Guizot sur sa fuite en Angleterre. J’ai voulu ma chère sœur, écrire pour toi nos souvenirs de ces tristes journées que nous avons traversées ensemble, du 22 février à la fin de mars ; il y a eu dans ce mois de quoi remplir bien des années et j’ai pensé que tu aimerais dans dix ans d’ici à retrouver une trace des émotions, des inquiétudes et des joies que nous avons éprouvées. Je sais qu’en disant mes impressions, je dis à peu près les tiennes, car comme nous l’a dit Mme Tastu[1] « Nous avons même foi, même espoir, même amour » ; et j’aime à penser que plus tard, que nous soyons séparées ou réunies, tu auras du plaisir à voir ce petit cahier écrit par une personne qui t’aime plus qu’elle ne le dit, peut-être plus que tu ne le crois. […]
- « Ma Famille », de Cornelis de Witt. J’ai groupé, dans les pages qui suivent, quelques souvenirs relatifs à mes parents, tant au point de vue de leur vie familiale et intime qu’à l’occasion du rôle qu’ils ont pu jouer, pendant la seconde moitié du XIXe siècle, dans la vie générale du pays. Si j’ai introduit dans ce récit quelques détails relatifs à ma propre vie, c’est qu’ils se rattachent à l’histoire d’une cause dont mes ascendants m’avaient appris que son succès hâterait le relèvement de la France, et d’un Prince, représentant de cette cause, auquel, avec le respect qu’il inspirait et de tout mon cœur, j’ai apporté mon ardent dévouement. »[…]
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Essai bibliographique sur Henriette de Witt-Guizot, écrit par Catherine Coste, descendante de François Guizot. A travers ce texte introductif à la publication de la correspondance entre François Guizot et sa fille Henriette (publiée chez Perrin en 2002), on peut découvrir François Guizot tel qu’il était dans l’intimité de sa famille, sensible, généreux et attentif.