Le septième prix Guizot du Conseil général du Calvados a été décerné à Alain Finkielkraut pour son ouvrage Nous autres, modernes. Quatre leçons.
Ancien élève de l’école normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé de Lettres modernes, il enseigne à l’École polytechnique au département Humanités et sciences sociales. Il est l’auteur d’un grand nombre de livres et d’articles dont le fil conducteur est une observation critique de la modernité. Il n’hésite pas à intervenir à l’occasion de nombreux événements contemporains dont il propose une lecture originale. Il est membre fondateur de l’Institut d’études Lévinassiennes à Paris et à Jérusalem et présente également une émission radiophonique sur France-Culture. Il a été élu le 10 avril 2014 à l’Académie Française.
Nous autres, modernes. Quatre leçons.
– Faut-il être moderne ?
– Les deux cultures
– Penser le XXe siècle
– La question des limites
« Descartes non lu nous détermine que nous le voulions ou non », écrit Hans Jonas. Cette détermination est l’objet premier de mon enseignement. Ce n’est pas la philosophie, c’est leur philosophie que je m’efforce d’apprendre à mes élèves de l’Ecole polytechnique.
A quoi Descartes nous détermine-t-il ? Hier encore, il était possible de répondre : à nous rendre méthodiquement, polytechniquement maîtres de toutes choses pour soulager le sort des hommes et rendre leur vie plus agréable.
Mais voici que les réalités nées de la philosophie de l’homme moderne s’ingénient à contredire les ambitions de cette philosophie, à transformer ses promesses en menaces, à fonctionner pour elles-mêmes. il est devenu difficile d’opposer, sans autre forme de procès, les calculs de la raison aux ténèbres de la superstition car les processus que la raison déchaîne n’ont rien de raisonnable.
C’est ce paradoxe, c’est cette surprise philosophique réservée à la philosophie, c’est cet ébranlement de la modernité par elle-même que j’ai voulu inlassablement explorer et interroger dans les leçons qu’on va lire. Aux questions que l’intelligence pose de sa propre initiative, selon son projet ou ses plans, et auxquelles elle met le monde en demeure de répondre, j’ai donc préféré les questions que le monde pose et impose à une intelligence qui n’en peut mais et j’ai choisi pour maxime pédagogique cette confidence de l’immense professeur que fut aussi Michelet : « J’ai toujours eu l’attention de ne jamais enseigner que ce que je ne savais pas. J’avais trouvé ces choses comme elles étaient alors dans ma passion, nouvelles, animées, brulantes, sous le premier attrait de l’amour. » © Source : Alain Finkielkraut.
A quoi Descartes nous détermine-t-il ? Hier encore, il était possible de répondre : à nous rendre méthodiquement, polytechniquement maîtres de toutes choses pour soulager le sort des hommes et rendre leur vie plus agréable.
Mais voici que les réalités nées de la philosophie de l’homme moderne s’ingénient à contredire les ambitions de cette philosophie, à transformer ses promesses en menaces, à fonctionner pour elles-mêmes. il est devenu difficile d’opposer, sans autre forme de procès, les calculs de la raison aux ténèbres de la superstition car les processus que la raison déchaîne n’ont rien de raisonnable.
C’est ce paradoxe, c’est cette surprise philosophique réservée à la philosophie, c’est cet ébranlement de la modernité par elle-même que j’ai voulu inlassablement explorer et interroger dans les leçons qu’on va lire. Aux questions que l’intelligence pose de sa propre initiative, selon son projet ou ses plans, et auxquelles elle met le monde en demeure de répondre, j’ai donc préféré les questions que le monde pose et impose à une intelligence qui n’en peut mais et j’ai choisi pour maxime pédagogique cette confidence de l’immense professeur que fut aussi Michelet : « J’ai toujours eu l’attention de ne jamais enseigner que ce que je ne savais pas. J’avais trouvé ces choses comme elles étaient alors dans ma passion, nouvelles, animées, brulantes, sous le premier attrait de l’amour. » © Source : Alain Finkielkraut.
Editeur
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Editions éllipses |
Année de parution
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2005 |
Nombre de pages
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360 |
ISBN
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2-7298-2528-2 |
Site Internet
|
http://www.editions-ellipses.fr/ |
Discours de Jean-Claude Casanova, Président du jury.
Discours d’Alain Finkielkraut, lauréat du Prix Guizot-Calvados.